Saving Private Ryan - Editie 2 DVD

Trois des quatre frères Ryan étant tombés au champ d'honneur depuis le début du débarquement, le haut commandement de l'armée américaine va mettre un point d'honneur à ramener le reste de la progéniture encore en vie à sa mère. La mission de le retrouver derrière les lignes ennemies échoit au capitaine Miller (Tom Hanks) et à son escouade fraîchement débarqués à Omaha Beach, ce tristement célèbre 6 juin 1944. Tous les superlatifs ont été utilisés pour qualifier la première demi-heure, à la limite du tolérable, de cette fresque grandiose. Jamais la boucherie que fut le débarquement n'a été reproduite à l'écran de façon si réaliste. Filmée caméra à l'épaule, à la manière des cinéastes de l'armée qui étaient sur le terrain en 1944 et dont les films ont servi de référence au réalisateur, cette scène effroyable d'efficacité et de vérité se subit plus qu'elle ne se regarde. Mais il serait inconvenant d'affirmer que l'intérêt du film ne réside que là. Ces images traumatisantes, qui propulsent littéralement au cour de la guerre, ne sont qu'une mise en condition pour ce qui va suivre. De son fauteuil, et après avoir subi le pire des cauchemars, le spectateur ne fait plus qu'un avec ces jeunes soldats inexpérimentés tenus de poursuivre une mission absurde et suicidaire (faut-il sacrifier huit hommes pour en sauver un ?).Spielberg voulait "son" long-métrage sur la Seconde Guerre mondiale mais refusait de se plier aux règles d'un genre éculé. Avec son soldat Ryan, il nous offre à la fois une aventure humaine, absurde et dérangeante, mais aussi une vision terrifiante qui prend valeur de document. C'est avec une étonnante sensibilité et un souci du réalisme poussé à l'extrême qu'il promène sa caméra sur les plages du débarquement. Spielberg filme pour les uns la douleur et la peur, pour les autres la lâcheté et l'horreur, pour tous l'impossibilité de maîtriser son destin. La qualité originelle de la photographie est superbement rendue par cette édition DVD de premier ordre. La texture des images est parfaite, les couleurs, froides et pâles, recréent la funèbre ambiance des champs de bataille, et les multiples effets sonores nous plongent au coeur de l'action restituée en 5.1 en français comme en anglais. En bonus, d'intéressantes notes de production et, à ne manquer en aucun cas, un passionnant reportage sur le film, baptiséInto The Beach(25'), avec interviews des comédiens, de Spielberg, de son père et d'anciens militaires.--Sophie WittmerEn 1998, Steven Spielberg dénonçait à son tour l'absurdité de la guerre dans cette tragique épopée humaine qui débute par une magistrale reconstitution du débarquement de 1944, devenue scène d'anthologie.