Jeanne d'Arc

Quoi de plus normal pour l'enfant terrible du cinéma français que de se pencher sur le parcours de Jeanne d'Arc ? Comme lui, elle s'est battue pour ses convictions malgré les affronts et les trahisons de son propre clan, de son propre pays. Mais jamais Luc Besson ne s'apitoie grossièrement sur le sort de son héroïne, comme certains de ses prédécesseurs. Il a préféré mettre en scène une aventure dynamique où le fantastique et l'humour ne sont jamais très loin. Outre l'armée de 1 500 figurants et les 200 chevaux qu'il a dirigés pour le besoin de certaines scènes, Luc Besson, pour réaliser cette épopée mystique, s'est adjoint les talents du scénariste Andrew Birkin, une première pour un cinéaste qui a pour habitude de travailler en solo. Enfant terrible au milieu d'une distribution prestigieuse, Milla Jovovich est véritablement transcendée par son rôle : avec son allure de garçon manqué et sa haine rageuse de l'envahisseur venu d'outre-Manche, elle a tout d'une grenade dégoupillée, prête à exploser. Milla est si ensorcelante qu'elle aide à mieux comprendre les raisons qui ont pu pousser un pays entier à la suivre dans son délire. Même les hommes qui l'entourent ne la comprennent pas vraiment, ils sont juste sous son charme.En 1420, Jeanne est une enfant de huit ans lorsqu'elle assiste au pillage de son village par les Anglais. Touchée par la grâce, elle prendra les armes quelques années plus tard au service du Dauphin. Dans son style spectaculaire, Luc Besson revisite un mythe cinématographique autant qu'historique, et s'autorise toutes les libertés par rapport à la réalité du personnage, pour rationaliser habilement ses actes. Comme on pouvait s'y attendre, l'image est superbe, et le montage nerveux assure un intérêt constant tout au long de ces deux heures quarante de projection. Malgré l'imagerie d'Épinal d'une France médiévale sanglante et sauvage, la remarquable maîtrise de la caméra et le véritable souffle des combats suffisent à enthousiasmer. On saluera la justesse de la distribution, au service d'une interprétation enlevée, qui atteint son apogée dans les superbes dialogues de Jeanne et de sa conscience (Dustin Hoffman, excellent).--Louis RouxCheveux courts, idées longues et armure étincelante, Milla Jovovich campe crânement la Jeanne d'Arc révoltée de ce film flamboyant de Luc Besson.