Een balkon aan zee

Dans les années 80. Agent immobilier à Aix-en-Provence où il est confortablement installé avec son épouse (Sandrine Kiberlain) et leur fille de onze ans, Marc (Jean Dujardin) voit sa vie basculer au hasard d'une vente. Il croit en effet reconnaître en la jolie acheteuse (Marie-Josée Croze) les traits de son amour d'enfance, Cathy. Ils vivaient alors à Oran, et ont été séparés brutalement lorsque les parents de Marc ont décidé de fuir cette Algérie en pleine guerre civile. Ces retrouvailles inattendues font perdre pied à ce père de famille plutôt stable, d'autant que la jeune femme agit de manière plutôt mystérieuse. Même s'il n'est pas de la même nature, le vertige qui s'empare du personnage principal d' "Un balcon sur la mer" (titre très poétique) rappelle à bien des égards celui du héros campé par James Stewart dans le "Vertigo" ("Sueurs froides") d'Hitchcock. L'obsession pour une blonde fatale et mystérieuse qu'il croit reconnaître et qui le renvoie vers les fantômes d'un passé profondément enfoui, entraîne Marc sur une pente dangereuse. Ce thriller psychologique, adapté en 2010 d'un scénario original coécrit par Jacques Fieschi, permet surtout à la cinéaste de "Place Vendôme" de renouer avec sa propre enfance à Oran, et d'apprivoiser ses fantômes. Ce film sur la mémoire trompeuse fonctionne d'ailleurs mieux lors des flash-backs algériens (la guerre vue par des enfants insouciants et amoureux dans une ville cosmopolite), que dans le traitement assez brouillon de l'histoire d'amour adulte, dont le mystère est vite éventé, et qui peine à captiver. Si Marie-Josée Croze, trop opaque, ne convainc pas vraiment, Jean Dujardin, Michel Aumont, Sandrine Kiberlain et les jeunes acteurs du film sont excellents. On saluera également les prises de vue splendides d'Oran, sublimée par la photographie de Jean-Marc Fabre.Interactivité : 5/5Nicole Garcia s'est énormément investie dans la conception de ce programme et intervient dans tous les suppléments (en définition standard). Elle se remémore son enfance à Oran, et évoque son parcours d'actrice et de cinéaste le temps d'un passionnant documentaire de 51 minutes réalisé par Anne Wiazemsky. Elle commente également une fin alternative et des éclairages sur le personnage incarné par Marie-Josée Croze et sur la droguerie du film, hommage à son père. Jacques Fieschi la rejoint pour évoquer Oran, dont il est lui aussi originaire. Les essais des enfants complètent cet excellent bouquet.